MARIE-CLAUDE BOUTHILLIER | APPARITIONS

MARIE-CLAUDE BOUTHILLIER | APPARITIONS

Room 1

Marie-Claude Bouthillier

APPARITIONS

EXHIBITION /
APRIL 3 TO MAY 17, 2008

Le travail de Marie-Claude Bouthillier est d’abord et avant tout orienté par les possibilités de la peinture et par la nature textile de la toile qui la porte. Les nombreuses séries qu’elle a présentées dans le passé démontraient un fort intérêt pour la question du motif et celle du langage aussi, celui des mots, de la matière, de la grille, et ce, avec une rare et singulière sensibilité. On se souvient de séries où des motifs de grilles et de points cohabitaient avec une accumulation d’initiales (mcb), partageant comme terrains de réflexion ceux de l’autoréférentialité et de l’autoreprésentation. Sa toute nouvelle série, Apparitions, est née de l’envie de réfléchir sur le drapé, le tissu, la toile qui, bien plus qu’elle reçoit la charge de la ligne ou des couleurs, bien plus qu’elle laisse absorber entre ses mailles l’acrylique ou qu’elle se fige sous l’encaustique, se fait prétexte au pur exercice de la peinture. Les artistes n’ont-ils pas toujours trouvé dans le drapé, dans ses plis et ses creux, la plus excitante des échappatoires?

Ces Apparitions font voir des volumes, des corps creux; une toute nouvelle approche chez Bouthillier dont le travail n’a pas été présenté depuis trop longtemps à Montréal. Ces œuvres montrent, révèlent, font apparaître cette couche invisible, mais essentielle au dessein de la peinture, qui se loge entre la toile et la représentation, ce que Marie-Claude Bouthillier nomme la « brèche ». Sur la surface, des motifs font images, non pas dans leur appréhension directe, mais bien en y démantelant les nœuds et excroissances esthétiques. Dans cette seconde lecture se produit un renversement du sujet. On y retrouve des formes ovoïdes que l’on voudrait soudainement remplir, d’autres que l’on cherche à ne plus voir, sinon à nommer ou à faire cohabiter avec les formes que l’on croit avoir reconnues au premier coup d’œil. Les sujets, pour certains, féminins, sont choisis uniquement pour la forme qu’ils portent. Le drapé ici est couvrant, il supporte le vide, le signale mais aussi l’enveloppe, le contient.

Cet examen textile n’est pour Bouthillier que le prétexte de cette apparition, l’interface cognitive d’un dialogue obligé entre ce qui contient et son contenu, entre le support et ce qu’il supporte. Il s’agit ici de la désincarnation des corps au profit de l’apparition de la peinture, des images et de la délicate poésie qu’elles convoquent.