Galerie

Une proposition de Sébastien Cliche

L'oreille dans l'œil

EXPOSITION /
1ER MARS AU 7 AVRIL, 2007

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EXPOSITION L'OREILLE DANS L'ŒIL /
20 AVRIL AU 19 MAI 2007
À LA GALERIE 101 (OTTAWA)
DANS LE CADRE DE Scène Québec
ET AU PRINTEMPS 2008
À L'OEIL DE POISSON (QUÉBEC)
DANS LE CADRE DE LA Manif d'Art.

Artistes: Alfonso Arzápalo, Gwenaël Bélanger, Patrice Duhamel, Nelson Henricks, Caroline Lathan-Stiefel, Nelly-Ève Rajotte, Uniform

Musiciens: Artist of the year, Galerie Stratique, Jackie Gallant, Diane Labrosse, Jérôme Minière, Montag, Van Stiefel

Une proposition de Sébastien Cliche

Tout au long du vingtième siècle, des artistes et compositeurs d'avant-garde ont dérogé à l'écriture musicale conventionnelle en élaborant des systèmes visuels originaux. Ces pratiques de composition que l'on peut regrouper sous le terme de partitions graphiques proposent de nouveaux concepts musicaux en créant des ponts entre les disciplines. Inspiré par cette démarche, nous avons invité des artistes à réaliser une oeuvre/partition qui questionne l'interface entre le visuel et le sonore. Chaque partition a ensuite été confiée à un musicien qui se l'est appropriée pour en offrir une interprétation. Ces pièces musicales ont fait l'objet d'un enregistrement et sont présentées conjointement aux oeuvres de l'exposition par le biais de baladeurs audio. Allant au delà de la simple inspiration d'une œuvre par une autre, le projet se veut une réflexion sur les modes de représentation du sonore et sur le processus d'interprétation.

Extrait du catalogue de l'exposition:
(...) Sans trop nous en rendre compte, nous avons pris l'habitude de l'union entre la musique et les arts visuels. Notre environnement surmédiatisé en offre d'ailleurs de multiples déclinaisons allant du vidéoclip aux œuvres interactives. S'il est inutile de refaire ici l'histoire des liens possibles entre les deux disciplines, on peut néanmoins mentionner que, dès le début du vingtième siècle, ces possibilités ont stimulé les avant-gardes. On n'a qu'à penser aux tentatives de Kandinski et de Klee pour répertorier les équivalences entre signes visuels et sonores ; ou encore aux expérimentations dadaïstes et futuristes.(...) Quelques décennies plus tard, d'autres compositeurs ont plutôt vu dans les liens entre son et image un moyen de déroger à la rigidité de la notation conventionnelle. John Cage, Earle Brown et Morton Feldman, pour n'en nommer que quelques-uns, ont ainsi élaboré des systèmes visuels originaux pour communiquer leurs compositions. Ces nouveaux modes de représentation cherchaient non plus à retranscrire avec exactitude une pièce musicale, mais plutôt à mettre en place des conditions qui amèneraient les interprètes à réévaluer leur rapport au temps, au geste et à l'interaction. On regroupe généralement ces pratiques sous le terme de partitions graphiques. (...)

Inspirés par cette démarche qui met en relation le visuel et le sonore dans un rapport d'interprétation, nous avons invité des artistes à concevoir une œuvre en sachant qu'elle serait ensuite « lue » comme une partition par un musicien. Derrière cette prémisse, il y a l'intention d'explorer l'interface entre les disciplines, mais en évitant de les intégrer dans une seule œuvre audiovisuelle, laissant ainsi au spectateur la possibilité d'établir lui-même les liens entre les deux médiums. Les réponses des artistes au défi de la partition graphique ont été variées, chacun privilégiant certains paramètres musicaux et donnant plus ou moins de directives. À mi-parcours, les projets ont été présentés aux musiciens. Ces rencontres ont donné lieu à des échanges stimulants qui ont souvent renvoyé les artistes à l'atelier avec une meilleure idée de la façon dont était reçue leur « composition ». Même si certains ont entretenu des liens plus soutenus avec les musiciens, il ne s'agissait pas d'un travail de collaboration à proprement parler. L'accent était mis sur la création de deux œuvres distinctes mais liées par le rapport d'interprétation. Évidemment, dans ce laboratoire, les musiciens participants sont plus que de simples exécutants. En dehors d'une convention stricte, ce type de décodage est nécessairement soumis à la subjectivité. Ainsi, à propos de l'interprétation de sa partition December '52, le compositeur Earle Brown parlait d'« exécution composée » au lieu de « composition exécutée ». C'est dans cet esprit que les pièces musicales de ce projet ont été réalisées.

SC