KAREN KRAVEN - AS ABOVE, SO BELOW

KAREN KRAVEN - AS ABOVE, SO BELOW

Salle 2

Karen Kraven

AS ABOVE, SO BELOW

EXPOSITION /
24 JANVIER AU 2 MARS, 2013

Avec As Above, So Below, Karen Kraven sollicite l’imaginaire du spectateur en l’obligeant à se raconter, voire à s’inventer, l’histoire reliant les éléments qu’il observe ou expérimente. Une immense photographie noir et blanc au grain extrêmement présent tapisse, telle une murale, le mur du fond de la petite galerie. Recouverte d’une grille formée de roches aux propriétés magnétiques, l’image montre l’ouverture condamnée d’une pièce qui, selon la légende, aurait autrefois servi de repaires pour les activités illégales menées par Al Capone durant la prohibition. Un dossard de jockey reprenant celui porté par Earle Sande, qui courait en 1930 sur le cheval Gallant Fox, qualifié de météorite, mène aussi à l’histoire du truand qui fréquentait assidûment l’univers de la course et du jeu. Une photographie plus énigmatique, encadrée et accrochée au mur, montre une forme sphérique blanche se découpant dans un environnement noir alors qu’une boule, de la taille de la lueur immortalisée, est encastrée dans une autre cloison de la galerie. Les trous enfoncés dans la surface sphérique trahissent sa nature de boule de bowling, suspendue entre deux pièces, entre deux temps, à l’image de l’installation elle-même dont la salle principale se prolonge, au moyen de la murale fixée à une de ses extrémités, dans un univers autre, issu d’un autre temps et d’un autre espace. Une copie d’un ancien numéro du magazine Playgirl ainsi qu’une structure sculpturale se trouvent également sur les lieux.

Parce qu’elle est scellée, l’ouverture agit comme une provocation, attisant la curiosité, l’attirant à la manière d’un aimant. Que reste-t-il sur les lieux du crime? Que se passait-il réellement derrière cette palissade? En quoi le magazine et les autres accessoires dispersés sont-ils liés à l’anecdote à laquelle l’artiste elle-même souhaite nous faire penser? L’installation, agissant comme une mise en scène,comme un décor attendant que les acteurs de la scène devant s’y dérouler daignent se présenter, paraît en suspens. Sa facture ancienne, dépassée, en fait un canevas idéal pour la projection : appartenant à une autre époque, il est encore plus facile d’en fabuler le contexte. Il n’est d’ailleurs pas anodin de noter que Karen Kraven s’est toujours intéressée au cinéma, aux plateaux de tournage et aux artifices qui y sont déployés. En témoigne l’installation This is a Place to Wait out the Rain, présentée en 2011 à la galerie Leonard & Bina Ellen, à l’occasion de l’exposition Ignition sur le travail d’étudiants terminant leur maîtrise. L’œuvre révélait le procédé par lequel, au cinéma, on donne l’illusion de la pluie, c’est-à-dire en faisant glisser des gouttes le long d’une vitre donnant sur l’extérieur. Bien que l’on voie rarement lors d’un orage l’eau s’écouler ainsi sur les paroies d’une fenêtre, le cinéphile n’y voit que du feu. Ce qui prouve d’une façon légèrement dérangeante que l’on croit parfois davantage à l’idée que l’on se fait de la réalité qu’à la réalité elle-même.

Voir www.karenkraven.com