Alisha Piercy, Swampstills (détail), 2018.

Alisha Piercy, Swampstills (détail), 2018.

Salle 2

Alisha Piercy

Swampstills

EXPOSITION /
1ER MARS AU 7 AVRIL 2018

VERNISSAGE /
JEUDI 1ER MARS, 20H

PRÉSENTATION D'ARTISTE /
SAMEDI 3 MARS, 15H

SWAMPSTILLS
une installation avec livre de colportage par Alisha Piercy
Pièce sonore par Mikael Tobias
 

« Il apparaît, vêtu d’une toge couverte d’étoiles, un arbre déraciné sur l’épaule… et avec son chien à ses côtés : un chasseur sauvage et un dieu sombre. »
- "Chiron" par Károly Kerényi, dans The Gods of the Greeks
 

Des chiens et des dieux.

Ils rôdent, mythiques, dans le marasme du Sud profond de SWAMPSTILLS, un marais conceptuel livré sous forme d’instantanés par l’artiste et écrivaine Alisha Piercy. Jouant avec l’idée d’apparente immobilité d’un marais, ou d’une image fixe d’un marais, ce marais reconstitué, vu comme à travers un judas, inclut des objets quasi totémiques posés sur une plateforme. Ce radeau, tiré de la recherche continue de Piercy sur notre relation à l’eau, n’est plus à la dérive. Ici, à CLARK, nous sommes sur la terre ferme après les voyages marins de You have hair like flags (2010) et Bunny and Shark (2014), et sommes plongés—étrangement, verticalement—dans l’un des organismes les plus fertiles et mystérieux au monde.

Des chiens pisteurs en papier mâché et un lévrier afghan noir; un grand dessin ultraviolet  d’un Taxodium distichum, conifère indigène des régions marécageuses du Sud des États-Unis; des cascades de cristaux fondants, symbolisant la fonte des calottes polaires qui déclenche des ouragans; des sacs de sable pour inondations et autres désastres, des bandes de tie-dye, des vagues de marais argileux—les premiers indicateurs d’un désastre naturel—avec une œuvre sonore de l’artiste copenhaguois Mikael Tobias (Swampsong, 2018), et une station de lecture adjacente où les visiteurs peuvent s’incliner parmi plusieurs exemplaires du livre de colportage de Piercy, intitulé Hush, this story doesn’t belong to you (couverture sérigraphiée, édition limitée de 50, 2018). Le tout suggère possiblement une toile de fond.

On nous rappelle de façon subliminale que les marais sont des zones de transition complexes, ni tout à fait terre, ni tout à fait eau. Des bactéries immondes y prolifèrent et y manigancent, formant une substance visqueuse, un bouillon primordial qui nourrit, effraie, détruit et offre la possibilité de quelque chose de sublime. Des choses se transforment dans leurs profondeurs boueuses. Des dieux et des reptiles y apparaissent et y disparaissent à un rythme apparemment fébrile. Même le temps s’enlise sous ce sort. On est à la fois avant la guerre civile, avant l’ouragan de 2005, dans la préhistoire et dans l’infini. Hush nous en dit plus long sur les chiens. Sur comment ils se sont retrouvés dans ce demi-monde afin d’être les vengeurs, et parfois les alliés, des esclaves humains qui fuyaient vers la liberté, des plantations aux marais. On imagine les chiens comme étant des créatures intermédiaires—des passeurs sombres, des fées-compagnes—en communion avec le projet amphibie. Dans le calme tumultueux de cet écosystème, Things speak silently to things1 (Les choses parlent aux choses en silence), et l’eau que l’on sent sans la voir accomplit sa propre prophétie.

 

- Caia Hagel (traduit par Simon M. Benedict)

 

[1] Citation tirée de Hush, this story doesn’t belong to you.

 

Alisha Piercy est une auteure de fiction et artiste visuelle basée à Montréal. Ses performances de dessins grand format, ses publications et ses projets de conservation ont été présentés au Canada, en Islande, en Espagne et en Malaisie. En croisant les auras matérielles de l’histoire avec l’interdépendance entre différentes espèces, Piercy crée des œuvres d’anticipation en Technicolor. Ses histoires servent à « dé-penser » les structures menant à la ruine et à imaginer de nouveaux modes de liberté. Dans ses mondes, les requins nourrissent les humains perdus en mer et les ouragans leur montre le chemin.

Piercy détient un baccalauréat en littérature de l’Université McGill, une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia, et une maîtrise en conservation de l’art de l’Université Queen’s. Son deuxième livre, You have hair like flags (Your Lips to Mine Press) a remporté le bpNichol Chapbook Award en 2010. Elle écrit actuellement son deuxième roman, Hush, dont l’action se situe dans le Great Dismal Swamp, situé dans le Sud profond (É-U). 

CRÉDITS
Swampstills a été créé avec et en grande partie par : Kathy Piercy, Duncan McDowell, Caia Hagel, et mon guide des marais, Chris Staudinger. Je tiens à remercier particulièrement Mikael Tobias d'avoir lu Hush, et interprété comment tout cela pouvait sonner. Hush, this story doesn’t belong to you est un extrait d’un roman en cours d’écriture. Le livre de colportage a été produit pour l’exposition Swampstills, avec le soutien du Conseil des arts du Canada et de Centre Clark, avec graphisme et mise en page par Your Lips to Mine Press.