monica maria moraru
The Foundation Pit
17.01–01.03.2025
Salle 1
17.01–01.03.2025
Salle 1
Vernissage
Vendredi 17 janvier, 18h
Artiste
monica maria moraru
Vers les profondeurs, vers les profondeurs…
The Foundation Pit s’inspire du mythe de Maître Manol, un bâtisseur chargé de construire un monastère dont les murs s’effondrent mystérieusement chaque nuit. Tout ce qui s’édifie le jour durant disparaît avant le lever du soleil et, chaque matin, Manol découvre la structure en ruine. Désespéré, il comprend que le monastère ne pourra être complété qu’à condition qu’il sacrifie son épouse. Pour accomplir sa mission — et éviter la fureur du Prince — il doit emmurer sa femme, Ana, à l’intérieur des fondations. Le jour suivant, lorsque Ana apporte le repas sur le chantier, Manol lui suggère de se reposer dans la fosse, alors que les travailleurs commencent à construire autour d’elle.
Surpassant sa référence aux détritus de son économie — dont l’origine est une consolation, et le démantèlement des siècles qui la soutiennent —, The Foundation Pit réinterprète la notion même de référent. Où est nulle part, comme espace situé, mais sans lieu? Il interroge ce que l’on fait de l’autre lorsque l’on crée, ou encore comment on enterre une ombre.
La réponse arrive à la dernière heure, dans un lieu où ici n’est pas un possible annihilé, mais un futur à réaliser. Ici, une fusion des horizons : entends l’intérieur d’une Terre qui ne peut pas nous soutenir; ici, le rêve dont le matériau s’enflamme; ici, la botte flambant dans le béton. Si être est la concession perpétuelle qui nous a été faite, c’est aussi la seule revendication de l’infini. Ici, la chair devient déchet, son mysticisme n’est plus que détritus.
Avec The Foundation Pit, monica maria moraru nous intime de voir. D’être témoins des enjeux de la création comme excavation : vais-je donner ou non la vie? Ici, chaque résidu compte les secondes, et nous retraçons les pas. Telle une respiration piégée dans un tube ou une main qui capitule doucement. Appâtée dans la logique de sa disparition au travers des paysages sonores de l’enterrement, du souterrain — pour aller où? Le mur qui chante, une tombe, un écran, un tube-fosse. Il ne suffit pas d’entendre la vérité. Il faut s’y rendre.
Ana sait cela. Peut-être était-ce elle qui avait besoin d’une vie secrète pour vivre.
Entendons-la qui nous rappelle. Dans un murmure si doux qu’il nous permet de rêver : « I am before, I am almost, I am never. » 1
— Ami Xherro
1 Clarice Lispector, The Stream of Life, 1973.