Natalia Ludmila

43+ (In Their Words)
06.04–06.05.2023

En 2014, à Iguala, dans l’État méridional de Guerrero au Mexique, quarante-trois élèves de l’école rurale Raúl Isidro Burgos ont été portés disparus alors qu’ils étaient placés sous présumée garde à vue. À la suite d’enquêtes officielles et indépendantes exhaustives, seuls les dépouilles de deux des étudiants ont été retrouvées, laissant leurs familles et le pays tout entier dans un état d’incertitude non résolu à ce jour.

Cette œuvre explore la possibilité d’élaborer une pratique de condamnation par la recherche esthétique, en contrebalançant la violence au moyen d’un travail du son. Ainsi, elle porte à renoncer pleinement à cette situation immensément triste qui dévaste le pays. La pièce sonore tisse un récit sombre et quelque peu mystérieux, faisant allusion au sentiment général du public — à l’époque, les autorités ont montré de la réticence et du mépris face à cette situation critique. L’enregistrement comporte à la fois des sons abstraits et des échantillons de la première conférence de presse officielle donnée par le procureur général, ayant pour objectif de construire un monologue qui, bien que fictif, puisse apporter la paix d’esprit.

Cet événement a creusé un fossé dans le tissu social du Mexique, témoignant de la vague de violence endémique qui, à ce jour, ravage encore le pays. En conséquence, le nombre de personnes touchées, brisées, disparues et tuées par cette brutalité excessive ne cesse d’augmenter. Pour l’instant, le décompte officieux des cas de disparitions forcées s’élève à 100 000, soit à plus de 43 (43+).

—Natalia Ludmila (traduction par Marie-France Thibault)