naakita f.k.
A Common Babble
12.04–11.05.2024

Vernissage
Vendredi 12 avril, 18h

Discussion
Jeudi 18 avril, 18h

Artiste
naakita f.k.

Des babillages, des gazouillis, des roucoulements, des piaillements et des sifflements constituent tous, selon leur définition, des sons communs aux humains et aux oiseaux.

Les traits que nous partageons avec les êtres ailés sont multiples. Des études ont notamment démontré un phénomène apparenté d’enseignements générationnels. Non seulement les oiseaux chanteurs apprendraient à leurs progénitures à chanter selon des mécanismes similaires à la transmission de la parole, mais on a également identifié qu’ils présentent, comme nous, des particularités vocales uniques au sein de leur lignée familiale. Culturellement, les humains s’inspirent continuellement des chants et de la musicalité des oiseaux, que ce soit dans la création d’instruments ou de partitions ou comme sujets dans le développement de technologies d’enregistrement. D’autre part, l’observation des oiseaux nous sert souvent de baromètre quant aux conditions environnementales. À titre d’exemple, des chercheur·euse·s ont constaté des mutations physiques et comportementales chez les oiseaux dans les espaces transformés par les humains, comme les villes, ou en réaction au réchauffement climatique.

A Common Babble explore ainsi les interrelations entre les espèces humaine et aviaire ; leurs environnements partagés, leurs sonorités communes, leurs influences mutuelles. naakita f.k. poursuit avec cette œuvre son incursion dans le langage, la tradition orale et les récits ancestraux. Au moyen d’enregistrements de terrain, d’éco-acoustique1 et de traductions de chants d’oiseaux interprétés par des chanteur·euse·s, l’artiste nous engage dans une posture d’écoute attentive et nous amène à prendre conscience de notre relation avec ce qui nous entoure. Sollicitant surtout notre faculté de perception auditive, l’œuvre nous attire par sa trame de fond apaisante et retient notre attention par les sons insolites qui la ponctuent.

Si tantôt on dénote la virtuosité des voix, celles-ci deviennent non moins détachées des normes vocales humaines pour faire place au jeu, à l’exploration et à une traversée vers le règne animal. Un roucoulement, un cri, un scat, une onomatopée ; les vocalises inusitées des chanteur·euse·s semblent créer un dialogue avec les doux gazouillis des oiseaux perçus en toile de fond. Cette circularité entre humains et oiseaux, suggérée par la forme sonore en boucle, sans début ni fin apparente, s’étend vers la structure visuelle qui sous-tend l’œuvre. Notre corps s’imprègne sensoriellement de cette correspondance. En écoutant la piste audio, nous pouvons lire face à nous, écrit littéralement en cercle, la phrase : « What can be exchanged in an act of speech? »

Une éventuelle réponse à cette question résiderait dans la notion de réciprocité évoquée par l’œuvre ; entre l’humain et l’oiseau, entre la prise de parole et la posture d’écoute. À l’heure des crises climatiques et politiques sans précédent, l’écoute ne serait-elle pas à propos pour réexaminer notre empreinte sur l’environnement et les liens qui nous unissent à toutes les espèces ?
—Lisa Tronca

1 L’éco-acoustique est une science interdisciplinaire qui étudie les sons naturels et anthropogéniques, ainsi que leur relation avec l’environnement sur un large éventail d’échelles d’étude.