Jorge González Santos
Chaveli Sifre
Melissa Raymond et René Sandín
Joel Rodríguez Vargas
Radamés « Juni » Figueroa
L’état incertain / An Uncertain State
12.01–11.02.2023
Salle 1
12.01–11.02.2023
Salle 1
Vernissage
Jeudi 12 janvier, 19h
Artistes
Jorge González Santos
Chaveli Sifre
Melissa Raymond et René Sandín
Joel Rodríguez Vargas
Radamés « Juni » Figueroa
L’état incertain rassemble et tisse les œuvres d’un groupe d’artistes dont les pratiques gravitent autour de la récupération territoriale, de la conscience sensorielle et des notions contemporaines d’esthétique tropicale.
L’exposition est imaginée comme l’ouverture d’une discussion sur ce que pourrait être un état incertain, et ce, autant sur le plan territorial – en référence à la relation officielle d’État libre associé entre Porto Rico et les États-Unis – que sur le plan somatique, désignant en ce sens un « état d’être ». Le titre est tiré d’un article publié en 1983 dans le National Geographic, The Uncertain State of Puerto Rico, qui présente un aperçu tiers-mondiste de la dynamique économique et sociopolitique de Porto Rico à l’époque. Maintenant revisité quatre décennies plus tard, dans le contexte des catastrophes naturelles et politiques qui n’ont cessé d’infliger la nation insulaire dans les dernières années, l’idée émerge que l’incertitude est peut-être souhaitable, dans la mesure et tant que le contraire – la certitude – est défini sur une base colonialiste.
L’état incertain vise à repenser l’espace de la galerie pour le transformer en un environnement sensoriel d’inspiration tropicale : un microcosme qui suscite un état d’accueil, une tropicalité antiproductive, un portail vers la convivialité et l’ouverture des sens, envisagés ici comme des formes élargies d’identité et de résistance.
Par ses œuvres olfactives, Chaveli Sifre invoque le pouvoir non statique et diffus de l’air et de l’atmosphère par l’intermédiaire d’arômes, d’auras, de brises ou d’humidité, tel un mécanisme de subversion subtil prenant source dans les savoirs ancestraux caribéens des soin et de guérison. Quant à lui, Jorge González centre sa pratique autour du folklore et de l’artisanat boricua (portoricain), du partage de savoir-faire et du tissage en soi – celui des fibres naturelles et de la communauté –, créant ainsi une présence inclusive de l’indigène au sein du moderne. Les œuvres souvent désinvoltes de Radamés « Juni » Figueroa, dans lesquelles figurent des plantes, des ballons de sport, des fontaines alcoolisées de fruits tropicaux et des fenêtres typiques de style Miami, se veulent une célébration de la vie tropicale tout en défiant la docilité et les bonnes manières. Les pièces sonores de Joel Rodríguez offrent pour leur part un regard filtré du paradis, teinté de réverbérations politiques. Elles font écho au travail du duo formé de Melissa Raymond et de René Sandín qui porte sur les propriétés sensorielles et géopolitiques de la couleur à travers la reproduction de palettes de couleur que l’on retrouve aux abords des routes portoricaines, notamment sur les poteaux électriques.
Dans le cadre de l’exposition, la démarche choisie est celle d’un aménagement de la galerie CLARK de façon à organiser et habiter l’espace avec les œuvres d’art, invoquant une porte d’entrée vers les Caraïbes. En juxtaposant les œuvres et en leur permettant de se chevaucher et de se rejoindre, les frontières spatiales qui leur sont normalement données sont floues – au profit d’une perspective et d’une représentation communes et amplifiées de l’archipel portoricain – de telle sorte que les sens sont convoqués dans une perspective de compréhension du territoire et de l’identité.
— Melissa Raymond et René Sandín (traduction par Marie-France Thibault)