BLAISE CARRIER-CHOUINARD | Léthé

BLAISE CARRIER-CHOUINARD | Léthé

Galerie

Blaise Carrier-Chouinard

Léthé

EXPOSITION /
21 FÉVRIER AU 29 MARS, 2008

Pour présenter Léthé, imposante installation composée de décors, et de nombreux personnages empruntés au musée de la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, Blaise Carrier-Chouinard prend littéralement d'assaut l'espace de Clark. On a affaire à ce qui semble une grande fresque historique, épique et souffrante où se débattent les grands thèmes et enjeux de l'histoire de l'humanité, mais sans qu'en soit faite l'interprétation. C'est, si on veut, l'index d'une histoire « bâtardisée » et distordue par celui qui l'a écrite, une fresque brodée d'anachronismes et à l'hétérogénéité débordante, à mi-chemin entre une scène du film Body Snatchers d'Abel Ferrara et un épisode colonial se déroulant près d'une rivière de drave en Nouvelle-France.

L'artiste s'intéresse davantage à la représentation, à la « singularisation des mythes fondateurs », qu'aux choses elles-mêmes. Ses saynètes historiques sont présentées comme l'auraient dicté les traditions muséologiques d'institutions telles qu'un musée d'histoire naturelle ou un quelconque musée thématique. Ici le soin apporté aux détails de certains costumes historiques, ou à ces têtes minutieusement confectionnées par l'artiste reposant sur des mannequins abîmés par le temps, se bute au côté bric-à-brac du papier mâché et des formes qui gisent çà et là, comme ces intrigants fœtus de polymère accrochés sous la structure qui porte la rivière et ses draveurs. Léthé, un des cinq fleuves des enfers, est aussi le fleuve de l'Oubli, cours d'eau où les morts allaient s'abreuver pour y perdre la mémoire, voire leur identité et retourner sur terre façonner l'Histoire. Cet étrange collage défie l'entreprise de définition de la mémoire collective dans laquelle s'est engagé l'homme en écrivant l'Histoire, en trouvant un sens à ses incongruités, à ses allers-retours et à la lecture subjective qu'on en fait.

YP

Léthé est le second volet d'une série de cinq projets (pour autant de fleuves infernaux) et fait suite à l'exposition Styx, présenté en 2006 à l'Œil de poisson à Québec.

L'artiste a bénéficié du programme de résidence CLARK

L'artiste tient à remercier l'atelier Clark, le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Sancutuaire Sainte-Anne-de-Beaupré.