Jérôme Nadeau
Secrets
06.09–12.10.2024
Salle 2

Vernissage
Vendredi 6 septembre, 17h

Artiste
Jérôme Nadeau

L’intersection de l’architecture et de la technologie, en particulier dans le contexte des principes modernistes, invite à reconsidérer les récits fondamentaux qui ont historiquement défini notre environnement bâti. Secrets nous incite à observer les architectures non pas comme des constructions inertes, mais comme des entités vivantes dans lesquelles des systèmes actifs de pouvoir régularisent nos comportements et nos interactions.

Le mouvement moderniste, né des révolutions technologiques et techniques du XIXe siècle, mise sur l’austérité formelle et l’efficacité matérielle.  Cette volonté d’ériger des lieux et des milieux fonctionnels et d’ainsi rompre avec les styles architecturaux historiques a profondément influencé les méthodes de construction. Le béton, l’acier et le verre sont utilisés pour leurs qualités esthétiques et notamment pour leur alignement sur les principes de la production de masse et de rendement.

Le modernisme a donc inscrit dans ses configurations une envie de contrôle — une rationalisation des espaces, une optimisation des matériaux employés pour leur capacité à conformer, à normaliser et à soutenir une logique d’efficacité universelle, où la visibilité devient un moyen de surveillance. L’exposition Secrets explore comment cette narration du progrès a tenté d’homogénéiser le monde matériel, de dominer la nature par la matière et la machine. 

L’exposition est constituée de sculptures-structures dont les intérieurs sont habités d’œuvres. Celles-ci seront déplacées à l’extérieur après leur monstration dans le Centre CLARK. Elles se reprogrammeront elles-mêmes en refuges pour insectes, des sites où une multitude de relations seront visibles et, de surcroît, tangibles. Ce déplacement, ce glissement de contre-monuments en devenir dans la nature transcende une matérialité latente vers la possibilité de corrélations dynamiques — souvent contradictoires — entre les actions humaines mécanisées et les processus naturels.

Réévaluant l’éthique de l’architecture en tant qu’agent actif dans la formation de la vie sociale, Secrets interroge la manière dont les structures étaient autrefois conçues comme des espaces modulables par les communautés qui y vivent. L’architecture moderniste a échoué en tant que cadre d’élévation sociale, mais a réussi en tant que modèle de contrôle et de croissance axé sur la profitabilité. Qu’il s’agisse d’optimiser les habitats pour l’efficacité technologique-technique ou de contrôler le comportement humain par des interventions architecturales, le désir permanent de l’humanité est d’affirmer son contrôle sur l’environnement. 

Le cycle naturel du monde ne peut jamais être totalement éradiqué. La tension entre la conception architecturale et l’interaction du vivant met en évidence l’interdépendance entre ceux-ci. Cette exposition construit un cadre pour questionner cette relation comme un rapport d’influence mutuelle et de co-constitution entre l’humain et son environnement.

— Jérôme Nadeau