Kevin Day
sonic prostheses (a spatial bar graph of users)
12.01–11.02.2023
12.01–11.02.2023
Vernissage
Jeudi 12 janvier, 17h
Artiste
Kevin Day
Prenant la forme d’un diagramme à barres « spatial », l’installation sonore fait recourt à des enregistrements d’interactions humain-ordinateur pour explorer l’ubiquité de la quantification algorithmique au moyen de l’extraction de données de l’utilisateur. L’œuvre dans son ensemble se compose de neuf tuyaux en acier de longueurs différentes excédant du mur. Les haut-parleurs montés sur chaque tuyau diffusent des enregistrements sonores d’utilisation d’appareils dans une variété de contextes et d’activités. L’artiste, adoptant et amplifiant la fonction de l’analytique en inversant les rôles, a quantifié les enregistrements selon un ensemble de critères subjectifs, arbitraires et absurdes. Les résultats de ces mesures sont reflétés par les longueurs des tuyaux (les « barres »). Cette version abrégée de l’installation du Centre CLARK illustre trois cas d’utilisation d’appareils numériques, soit dans le cadre du travail, de l’usage d’un téléphone intelligent dans un lieu public et de jeux vidéo en ligne.
Par l’intermédiaire de l’installation, chaque utilisateur subit un profilage en fonction des données recueillies à partir de son appareil, exacerbant sa réduction à un simple indicateur sur un graphique, désincarné et décontextualisé, représenté uniquement par les longueurs de tuyaux et les sons de l’immersion numérique et de l’extraction clandestine. Néanmoins, l’installation se veut également un « contre-graphique » déviant de sa fonction normative. Les catégories mesurées par l’artiste ne sont pas d’usage conventionnel, mais sont idiosyncrasiques et basées sur des évaluations spontanées, et donc inutiles pour l’exploitation commerciale et le contrôle de l’État. En outre, en plus de révéler le processus d’exploration de données et d’y résister, le projet met également en évidence la démarche inévitablement arbitraire de quantification. Malgré les revendications d’objectivité, tous les processus algorithmiques reposent sur des catégories et des classifications conçues par des acteurs humains (dans ce cas, par l’artiste), ces derniers étant incorporés selon des valeurs et des intentions sociopolitiques précises. Le résultat est non seulement réducteur et assujetti à une exploitation potentielle, mais également non neutre. Il devient de plus en plus pressant de mettre au premier plan la non-neutralité de l’encodage, la persistance de l’extraction et l’exploitation qui s’ensuit dans le contexte du paysage numérique actuel.
L’artiste tient à remercier Ksenia Cheinman, Simone Day, Antonio Krezic, Nathan McNinch, le Conseil des arts du Canada et l’équipe du Centre Clark pour leur soutien dans la réalisation de ce projet.