Emma-Kate Guimond
The Plot
18.01–17.02.2024
Salle 1
18.01–17.02.2024
Salle 1
Vernissage
Jeudi 18 janvier, 17h
Artiste
Emma-Kate Guimond
Considérez la métaphysique d’un appel téléphonique : ça sonne. Allô? Peut-être que c’est le Silence qui appelle. Ou bien le Monstre. Ou Læ Danseureuse. Iel apparaît, commence à danser. L’éclairage se tamise. Le spectacle commence.
Cher·ère Écrivain·e, j’aimerais bien que tu danses, mais je ne suis pas certain·e que tu en sois capable.
The Plot est une vidéo ayant la structure d’une performance et d’un film hypothétique. Le sens s’y déploie dans sa propre temporalité.
The Plot est une œuvre archétypale, tout comme ses personnages : un·e écrivain·e qui veut écrire, mais qui n’y arrive pas, un·e doubleureuse devenu·e danseureuse, une danseureuse se mouvant comme un·e écrivain·e. Comme toujours, c’est tout juste après ce qui arrive au début que Læ Protagoniste fait son entrée d’une manière mythique, et à la fin qu’iel s’incline.
La Source est la version originale du film, maintenant perdu. Une plaisanterie post-structurale. The Plot est une maison de miroirs : reflets, réfractions et transparences y sont enivrants!
C’est l’euphorie horrifique de se regarder trop longtemps dans le miroir. Une accumulation abstraite : l’écrivain·e devient juste et injuste (au commencement, elle n’était que juste).
C’est une parabole d’horreur dont l’esthétique et les leçons spirituelles brillent obliquement, comme une pile de Plexiglass.
D’après les directives d’une partition, les performeureuses font advenir le monde auquel iels pensent appartenir. Leurs genoux fléchissent comme dans un rituel. Iels le conjurent pour ensuite le laisser se dissiper.
The Plot agite des doigts près de vos cils, de vos yeux. De quoi as-tu peur? Elle ne le sait pas trop. C’est un sentiment comme ça.
Un système ouvert : l’indétermination de leurs relations et identités. Un système fermé : iels sont là et prennent soin les un·e·s des autres.
Raconter son histoire à un public empathique, c’est s’ouvrir et se déposséder de l’histoire.
Le public regarde les personnages jouer le fait d’être dans un film, se sentir regardé·e·s et être regardé·e·s ressentir.
Læ Raconteureuse est l’action pure.
Læ Raconteureuse, dans une robe de velours séduisante, donne un dernier discours. Le secret pourrait être révélé. Mais non…
Les personnages existent dans l’espace entre la sonnerie du téléphone et l’appel auquel on ne répond jamais, leurs actions sont provoquées par une demande qui ne peut ni être annulée ni accomplie; elle est infinie. Dieu est mon coup de cœur et j’aimerais bien qu’un chien me demande de quoi j’ai peur. Qui me répondra?
The Plot emprunte à l’esthétique du téléthéâtre tout en traversant un univers d’images reflétant plutôt l’ère numérique et des médias sociaux. Chaque scène est tirée d’une improvisation scénarisée, une charade qui amplifie et crée des sensations au sein du film. Le montage et le travail chorégraphique sont ici comme des surfaces. Les talons claquent, les cuisses glissent, le piano porte les mouvements de Læ Danseureuse comme Isadora porte son voile. Des concepts visuels, comme le flou, le zoom et la transparence deviennent les outils d’exploration d’une politique expansive.
Actifve et vivante, Læ Raconteureuse raconte l’histoire de manière itérative — une histoire que les trois personnages (Læ Protagoniste, L’Écrivain·e, Læ Doubleureuse, qui devient éventuellement Læ Danseureuse) performent comme un motif émergent. Ne retrouvant jamais une identité complète, les personnages font trembler toute distinction stable entre entités et objets. Qu’est-il apparu en premier? Les personnages ou l’histoire? Sous-jacent à The Plot, nous trouvons l’absence de la version initiale de l’histoire qu’Emma-Kate nomme La Source. Cette perte originelle est intrinsèque au tout — comme la matière noire, ou l’impossibilité de faire faire l’expérience conscient·e de sa propre naissance. Elle pèse mystérieusement sur notre capacité à saisir le temps.
Il y a une tendresse entre les trois performeureuses-personnages. Assidu·e·s à la tâche, iels bercent l’opacité de La Source, la profondeur de leur interdépendance, puis lâchent prise et recommencent, encore et encore, comme un respir.
—hanako hoshimi-caines
Ce projet a reçu le soutien du Conseil des arts du Canada (CAC), PRIM et CCOV.