Marjolaine Bourdua

Mon travail artistique est ancré dans une approche sculpturale où j'interroge les tensions inhérentes à la culture de masse à la manière d'un exercice archéologique de la forme et de la matière. Je travaille à partir de signes visuels et d'objets qui font échos aux notions de surproduction et de cycles en examinant l’histoire matérielle des choses. J’agence des éléments dans une posture ambiguë entre œuvre, marchandise et artéfact.

Le choix de la sculpture est pour moi une manière de réfléchir à la place de la main dans le contexte de crises actuelles, de mutation et de révolution numérique. En ce sens, des gestes comme le façonnage, l'assemblage, le dessin à main levé ainsi que le temps passé à l'atelier sont des manières pour moi de poser un regard trouble et personnel sur le cadre capitaliste qui constitue notre ère. Comment composer avec la présence croissante du numérique tout en maintenant notre capacité à nourrir une variété de façon d'être et d'agir dans le monde? Quel est la place du travail lent et sensible de l'artiste dans ce contexte? Ces questions liées au concept de décroissance sont sous-jacentes à ma recherche artistique et me ramènent au choix de la sculpture comme manière de réintroduire dans le monde des objets « rugeux » qui expriment ces paradoxes. Le geste sculptural me permet aussi d'insuffler une dimension corporelle à mes oeuvres, une trace que je vois métaphoriquement comme l'idée de « modeler » le cadre rigide dans lequel nous évoluons.

Marjolaine Bourdua est une artiste et travailleuse culturelle basée à Montréal. Elle détient un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l'UQAM ainsi qu’un diplôme d'études supérieures de la Villa Arson à Nice. Elle a présenté son travail au Québec, en France et en Allemagne sous formes d'expositions, de commissariat et d'interventions sonores. Mentionnons entre autres, le centre d'art Optica, le MAC LAU (Musée d'art contemporain des Laurentides), la Maison des arts de Laval et la galerie Frédéric Giroux à Paris. Elle est aussi impliquée en tant que membre du Centre CLARK depuis 2011.