La publication du projet Les deux soleils fait suite à l’exposition du même titre produite à Langage Plus, dans la ville d’Alma, en 2021. L’idée de mettre en mots une fable dystopique est née d’une réflexion sur l’impact du phénomène des réchauffements climatiques sur notre façon d’habiter le monde.
Dans une sorte de journal de bord, Lucie, la maman du petit Simon, laisse des traces écrites de leur vie quotidienne sur une terre aride, inhabitée. Elle y consigne les événements, se fait gardienne du temps devenu incertain : fabrication d’une yourte, installation d’une serre, vœux d’anniversaire. Mais le manque d’eau et le vide que crée l’absence humaine pèsent sur la mère et le fils, d’autant plus que Simon a perdu son père, éclipsé dans les interstices de la terre. Pour lui insuffler un peu d’espoir, Lucie introduit le petit au monde sensible en communiquant avec les rhizomes d’un mystérieux champignon.
Dans Les deux soleils, l’onirisme conscient d’une mère face à une nature qui succombe devient la matière première d’un théâtre du possible: il s’agit pour Lucie de déformer, de métamorphoser l’imagerie d’un désastre et de le rendre flamboyant aux yeux de son enfant. Car cette fable est bel et bien le récit d’une persistance, d’une volonté de vivre au-delà du réel ; c’est une trame poétique où la lumière excessive du double soleil ouvre sur l’invisible, guidant le genre humain du cauchemar au divin.
