DEAN BALDWIN | BUNK BED CITY

DEAN BALDWIN | BUNK BED CITY

Salle 1

Dean Baldwin

BUNK BED CITY

EXPOSITION /
20 JANVIER AU 26 FÉVRIER, 2011

Environnements « extrêmes »

CLARK inaugure sa programmation de l’année 2011 avec deux expositions qui se font écho de façon étonnante.Bunk Bed City, un environnement de Dean Baldwin, occupe la grande salle alors que Virginie Laganière présente l’installation médiatique Post Natural dans la petite salle. Entre Laganière, qui met en place une installation inspirée par le fait que la Suisse compte le plus d’abris anti-atomiques par habitant, et Baldwin, qui fait de la galerie un espace de vie évoquant les camps de vacances aux lits superposés et cuisine commune, un intérêt pour l’observation des comportements humains en cas de « situation extrême » se profile.

Dean Baldwin est bien connu pour ses événements sociaux où l’environnement artistique devient prétexte à la fête. Mini Bar, sculpture sociale « mise en pratique » pour la première fois en 2007 à la galerie Mercer Union à Toronto, est exemplaire en ce sens puisqu’il s’agissait pour Baldwin de faire de l’action du vernissage, haut lieu de réseautage exigeant une certaine contenance, un véritable moment de délire pimenté par l’alcool et ses lendemains de veille un peu flous. On peut se demander si son séjour d’une dizaine de jours dans un palazzo à Venise en 2009, lors de la résidence Reverse Pedagogy 2, ne lui a pas donné l’envie d’ajouter une durée à ses événements habituellement ponctuels – soit la préparation et l’ingestion d’un souper pourDean’s Canteen (2010) ou encore l’occasion de se restaurer dans une installation présentée à la Art Gallery of Ontario avec The Dork Porch (2010), pour ne nommer que les exemples les plus récents. Situé à mi-chemin entre la convivialité des séjours de vacances en groupe et l’enfer que l’exiguïté et la précarité des installations peut finalement engendrer, l’environnement Bunk Bed City, construit par Baldwin au moyen d’éléments récupérés, servira d’espace où les gens intéressés seront invités à venir passer plusieurs heures, voire une nuit entière, avec tous les risques que cette cohabitation comporte. Pour cette nouvelle œuvre, Baldwin puise à même le registre de l’imaginaire collectif afin de créer des univers humoristiques où la proximité forcée fait en sorte que tout peut arriver.

Jumelées, les œuvres Post Natural et Bunk Bed City nous racontent une histoire qui dépasse leur propre univers. C’est un peu comme si Bunk Bed City devenait un abri anti-nucléaire réinvesti par Baldwin en dortoir de camp de vacances, un lieu dont la construction est issue d’un fort sentiment d’angoisse servant maintenant de contexte aux activités loufoques imaginées par un maître d’œuvre à l’humour déjanté. Quoi qu’on s’y sente coupé du monde, les salles en béton de la galerie CLARK se prêtant bien à l’exercice puisqu’elles n’ont aucune fenêtre qui donne sur l’extérieur, un doute subsiste : ne serions-nous pas observés, voire surveillés ?

Anne Marie St-Jean Aubre

 

Né en 1973 à Brampton, en Ontario, Dean Baldwin partage maintenant son temps entre Toronto et Londres. Possédant une formation en arts visuels de l'Université York, à Toronto, et de l'Université Concordia, à Montréal, il s'attarde dans son travail aux habitudes consommatoires des Nord-Américains en les documentant avec une démesure avouée. Bunk Bed City se veut une sorte de camp de jour où conférences, activités de bricolages, soirées de projection et pyjama party seront au rendez-vous.

Dean Baldwin tient à remercier PRO-VERT Sud-Ouest et les YMCA du Québec