PATRICE DUHAMEL | LE CATALOGUE DES VENTS QUI ONT SOUFFLÉ

PATRICE DUHAMEL | LE CATALOGUE DES VENTS QUI ONT SOUFFLÉ

Galerie

Patrice Duhamel

LE CATALOGUE DES VENTS QUI ONT SOUFFLÉ

EXPOSITION /
8 MARS AU 14 AVRIL, 2012

Pendant un peu plus de dix ans, Patrice Duhamel(1970-2008) s’est engagé dans un projet artistique où le dessin, la vidéo, la musique, la critique d’art et la pratique du commissariat se répondent en écho. Trois ans après son décès, le centre CLARK, dont il a été un membre actif, lui consacre une exposition, offrant les deux salles de la galerie à un collectif d'artistes-commissaires qui nous invite à suivre les chemins surprenants qu’a pris sa pensée.

L'exposition Le catalogue des vents qui ont soufflé s'inscrit dans un ensemble d'événements rendant en hommage au travail de Patrice Duhamel. Le jour du vernissage, une première monographie consacrée à son œuvre sera lancée; ce livre, qui rend compte du maillage entre les différents volets de sa pratique, comprend des textes de Sébastien Cliche, de Sylvie Cotton, de Charles Guilbert et de Bernard Schütze ainsi qu’un article inédit de Patrice Duhamel. Le 22 mars, un programme d'œuvres vidéo sera présenté à la Cinémathèque québécoise dans le cadre du 30e Festival international du film sur l'art (FIFA). À cette occasion, sera également lancée l'intégrale de ses vidéos, sur un DVD produit par Vidéographe.

 

Bricoleur d'existences

Le travail de Patrice Duhamel pose le problème de notre étrangeté au monde, à l'autre et à nous-mêmes. Exposant ces questions tantôt avec humour, tantôt de façon lyrique, Duhamel s’inspire largement de son expérience personnelle et met en scène ses proches. Cette perméabilité entre vie intime et activité artistique donne à son œuvre intensité et fragilité.

Dans ses vidéos comme dans ses dessins, des personnages aux prises avec leurs inadéquations affectives tentent toutes sortes d’expériences dans l'espoir d’établir des liens qui dépassent les simples conventions. Dans cette quête, l'espace joue un rôle important : les vidéos montrent des personnages qui se butent à des cloisons ou à des obstacles qui les enferment; au contraire, dans l’espace complètement ouvert des dessins, ils flottent, au risque de disparaître. L'exposition présentée à CLARK prolonge cette réflexion sur l’espace en proposant trois lieux distincts qui sont autant de façons d’entrer dans les lieux symboliques chers à l’artiste.

Le camp

Dans la grande salle est projetée Le camp (2007), la dernière des sept installations vidéo qu’a réalisées Duhamel. Cette œuvre se présente sous la forme d’une double projection où les repères spatiaux et temporels sont brouillés, les deux images étant parfois identiques, parfois étonnamment déphasées. Arpentant un espace industriel ponctué de cloisons, la caméra nous fait découvrir en travelling une fresque de personnages aux rapports ténus, chacun étant absorbé par une activité étrange qui lui est propre, allégorie de sa manière d’occuper l’espace.

Les dessins

La salle 2 de la galerie est entièrement consacrée aux dessins de Duhamel. Reconnu d’abord pour son travail en vidéo, il crée à partir de 2001 une abondante œuvre sur papier qui reçoit un accueil enthousiaste. On retrouve dans ces œuvres les mêmes thèmes et parfois les mêmes personnages que dans les vidéos, sauf qu'ici, les corps sont tronqués, démontés ou défigurés. Évoquant des états de grande vulnérabilité, les traits qui normalement cernent le contour des corps et des objets prennent souvent des allures de vibrations. Le spectateur découvrira, dans ce vaste accrochage en mosaïque, l'inventivité et l’agilité du dessinateur qui se fait tantôt cinglant, tantôt remarquablement tendre.
 

Le cabinet

Dans un troisième lieu créé pour l’occasion sont rassemblés des éléments provenant de tous les volets de sa pratique : dessin mural, œuvres-carnets, compositions musicales et vidéos. La pièce intime, que nous appelons « le cabinet », s’inspire de mises en espace élaborées par Duhamel. Plongé dans cette accumulation d’œuvres, le spectateur peut sentir la logique fragmentaire et multidisciplinaire à la base de son travail. C'est à dessein que sont mis côte à côte, entre autres, des esquisses préparatoires à la création de ses œuvres, la vidéo I don't know what I want but I know how to get it (2004), des musiques du trio d'expérimentation Gringoplaza et des carnets tirés du projetParaguay.

Cette exposition du centre CLARK, de même que la publication, la soirée vidéo et l’édition DVD, vise à rendre compte d’une œuvre généreuse et d’une grande cohérence tant plastique que philosophique. Bien qu’il se soit beaucoup impliqué dans le milieu des arts à Montréal et qu’il ait obtenu de solides appuis durant sa carrière subitement interrompue (il a notamment participé à des évènements importants comme Le Mois de la Photo et La Manif d’art, et présenté à plusieurs reprises son travail à l’étranger, en outre avec la tournée de l’European Media Art Festival), Patrice Duhamel reste méconnu. Il faut voir, méditer et apprécier l’œuvre profonde et authentique qu’il nous a léguée.

Sébastien Cliche et Charles Guilbert

 

En une dizaine d’années, Patrice Duhamel a élaboré un univers complexe où le dessin, la vidéo, la musique, la critique d’art et la pratique du commissariat se répondent en écho. Trois ans après son décès, le Centre Clark, dont il a été un membre actif, lui consacre une exposition en offrant à un collectif d'artistes-commissaires les deux salles de la galerie pour que, de nouveau, on puisse apprécier les chemins surprenants que prenait sa pensée. Cette première rétrospective cherchera à donner une vue d’ensemble des préoccupations de cet artiste toujours attentif aux épreuves qu’il faut traverser pour tenter de saisir notre rapport au monde et aux autres. Bricoleur existentiel, Duhamel n'a cessé de réinventer nos inadéquations, combinant les corps et les objets, pièces d'un jeu aux possibilités inouïes. Cette exploration, il l'a menée en faisant un vrai travail d’introspection, mais aussi en déployant un vaste réseau de références littéraires et cinématographiques sans pour autant évacuer l’humour absurde auquel il tenait tant.