Salle 1

Joshua Schwebel

Le Locataire

EXPOSITION /
28 octobre - 27 novembre 2021

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VERNISSAGE SUR RÉSERVATION /
JEUDI, 28 octobre, 18h - 22h
- 40 PERSONNES MAX / HEURE -
(LIEN POUR RÉSERVER CI-DESSOUS)

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PRÉSENTATION D'ARTISTE
EN PERSONNE /
SAMEDI 30 OCTOBRE, 15H

L’ère de la créativité revisitée est celle d’une ironie amère pour les artistes et leurs institutions. Dans le contexte où la culture offre une façade idéale aux relations publiques du capitalisme néo-libéral, les externalités positives que produisent ceux qui se trouvent dans le « noyau créatif » se retournent contre eux-mêmes. Dans ce scénario, les avantages intangibles que la communauté artistique crée comme des sous-produits de ses activités servent de justification aux politiques culturelles basées sur l’économie ainsi qu’au développement urbain post-industriel parasitaire. Alors que le XXIe siècle est bien entamé, nous savons que l’embourgeoisement mené par les artistes est corollaire à la conversion du « je ne sais quoi » de l’art en une valeur de signe pour les villes qui peuvent en tirer profit. La transformation actuelle du quartier Mile End à Montréal en un hub créatif n’est qu’un exemple du capitalisme culturel à l’œuvre. Ici, l’édifice du 5445 de Gaspé sert de point de rencontre aux acteurs structurellement liés que l’on identifie aisément comme des joueurs actifs dans l’exode de la communauté artistique vers d’autres locaux industriels en attente de leur renaissance culturelle : la politique de développement culturel de Montréal imprégnée d’un optimisme numérique, Allied Properties et sa promotion du bâtiment auprès d’entrepreneurs créatifs, ainsi que les entreprises locataires qui récoltent les avantages d’un siège social situé dans un quartier dont la tendance se matérialise sur les pages lustrées d’un magazine de style de vie axé sur la culture.

      Dans ce récit de déplacement, les artistes et travailleurs culturels du 5445 de Gaspé, ainsi que les organismes qu’ils ont façonnés, semblent avoir reçu le mauvais bout du bâton de la nouvelle économie alors qu’ils sont chassés du havre culturel, devenu créatif, qu’ils ont engendré. Mais Le locataire complexifie une lecture simple de la situation dans laquelle les artistes et leurs institutions ne sont que des victimes. Dans cette exposition, Joshua Schwebel, dont les interventions contextuelles abordent des problématiques systémiques impliquant les structures du monde de l’art, examine les défis auxquels la communauté artistique locale fait face alors que plusieurs de ses membres sont contraints à se tourner vers la Cité de la mode du quartier Chabanel ou d’autres zones industrielles similaires. Ce faisant, il souligne toutefois les façons complexes dont le Centre CLARK et ceux qui gravitent autour sont structurellement intégrés au processus d’embourgeoisement. En superposant les traces de l’autorenouvellement du capitalisme à travers l’espace d’exposition, Schwebel ouvre une fenêtre sur les conditions d’encadrement et les structures de soutien qui sous-tendent le fonctionnement du Centre CLARK et de la culture artistique montréalaise. En offrant une vue partielle des mécanismes qui mettent en place les conditions pour les artistes de devenir victimes de leur propre succès, l’exposition reflète comment, dans une ville créative, le capital culturel est une épée à double tranchant qui taillent les conditions matérielles de la participation à l’économie immatérielle. Et bien qu’elle résiste à la potentialité d’une conquête, Le locataire est, comme le veut l’ironie, consciente de son inévitable implication dans ce processus.  est un artiste conceptuel canadien actif depuis plus de dix ans. De par sa pratique, il se questionne sur les courants et les motifs entourant la création et l’industrie de l’art, se penchant particulièrement sur l’exploitation et l’expropriation dont découle la valeur artistique. 

- Mariane Bourcheix-Laporte (traduction par Catherine Barnabé)


BIO
Joshua Schwebel est un artiste conceptuel canadien actif depuis plus de dix ans. De par sa pratique, il se questionne sur les courants et les motifs entourant la création et l’industrie de l’art, se penchant particulièrement sur l’exploitation et l’expropriation dont découle la valeur artistique. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions, d’événements et d’interventions partout au Canada et à l’étranger, et a été appuyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada.

L'artiste aimerait remercier le CALQ, Michelle Lacombe, Mitch Mitchell, Camille-Zoë Valcourt Synnott, Mathieu Beauséjour, Carl Schwebel, Catherine Bodmer, Celia Perrin Sidarous et Roxanne Arsenault.