NANCY BELZILE | LES MOTIFS DE LA FUITE

NANCY BELZILE | LES MOTIFS DE LA FUITE

Salle 2

Nancy Belzile

LES MOTIFS DE LA FUITE

EXPOSITION /
12 JANVIER AU 25 FÉVRIER, 2006

L'humain et la nature testent leurs limites dans le tumulte songeur des films de Nancy Belzile.

Dans cette projection en boucle, se profilent des arbres, de subtiles vagues de lumière, des ombres soudaines. En somme, tout un assortiment de petits miracles oubliés de la nature, ce genre de petits phénomènes qui, plus souvent qu'autrement, sont relégués à l'angle mort de notre vision périphérique. Cependant, en occupant le centre de la scène dans ces films (tournés en Super 8 et, ensuite, numérisés), ceux-ci renversent l'ordre par lequel nous appréhendons habituellement le monde et suscitent un questionnement à savoir de quoi est dont fait le « réel ». Au fur et à mesure que les séquences déferlent, le doute augmente. Chaque petite oscillation, chaque petit mouvement se fait plus présent, plus rythmé, et devient vaguement abstrait en raison de la structure répétitive de l'ensemble et du mélange indistinct de musique, de silence et de bruits obscures qui en forment la trame sonore.

Immobile - et attentif -, le spectateur se surprend à se démener avec la simple reconnaissance de ce qui se présente devant ses yeux.

Les images en mouvement de Belzile (le terme s'applique dans tous les sens) dévoilent à la fois leurs références naturelles et leur statut représentationnel. Légèrement idéalisées, ces belles images qui défilent suscitent, bien sûr, un déferlement de nostalgie mais une nostalgie qui, paradoxalement, est accompagnée d'une hyperconscience de leur caractère construit, de leur médiation et de leur profond déracinement. La plus grande force de ces images est peut-être, tout compte fait, de porter à la conscience les puissantes - et fascinantes - tensions que nous éprouvons en relation avec la nature. Elles nous font réaliser que notre attirance pour le bucolique n'est en réalité nul autre que la quête d'un paradis perdu purement imaginaire. Elles nous ramènent à une vérité élémentaire : deux concepts de valeur équivalente (et non un seul) composent ce que nous appelons, à défaut d'autre terme, la nature humaine.

Texte Peter Dubé
Traduction Nathalie DeBlois

L'artiste montréalaise Nancy Belzile, dont on connaît principalement les dessins, a pour projet de concevoir de très courts métrages par la technique du théâtre d'ombres filmé en format super 8, abordant une thématique axée sur la condition humaine qu'elle interroge comme entité vivante. Elle présentera le résultat de cette récente recherche en boucle continue, qu'elle accompagnera de nouveaux petits dessins reliés en fascicules.

Nancy Belzile détient un baccalauréat de l'UQAM. Elle a présenté son travail dans plusieurs expositions individuelles et collectives, notamment au Musée d'art de Mont-Saint-Hilaire et à CLARK, dans le cadre de l'exposition Quelqu'un d'autre.

L'artiste à bénéficié du programme de résidence du Centre CLARK.