Sunita Prasad

Sunita Prasad

Salle 2

Sunita Prasad

Strangers and Stand-Ins

EXPOSITION /
18 MAI AU 23 JUIN 2017

VERNISSAGE /
JEUDI 18 MAI, 20H

PRÉSENTATION D'ARTISTE /
SAMEDI 20 MAI, 15H

À travers le film, la vidéo et la performance, Sunita Prasad s’intéresse à différentes méthodes de recherche qui lui permettent de traiter des questions de genre et d’identité. Ses œuvres sont des hybrides entre le documentaire et la fiction, tournant souvent autour du concept de re-enactment par lequel l’artiste rejoue ou fait rejouer des scènes afin de remettre en question tout ce qui touche aux comportements attendus dans la société. L’œuvre Presumptuous, que le visiteur pourra voir à l’entrée de la salle, est d’ailleurs réalisée à partir de ce concept. Munie d’une caméra cachée, Prasad filme des individus qui agissent de manière incongrue dans l’espace public. À titre d’exemple, dans le métro de Paris, un homme s’assoit à côté d’un autre homme et place sa main sur son genou. L’individu répond en prenant la main de l’inconnu et en la caressant. Ce bref moment d’intimité révèle à la fois quelque chose d’inattendu et de fortement sensuel, suscitant potentiellement de l’embarras chez certains passagers. Là réside l’intérêt de cette vidéo : créer des moments d’inconfort dans des lieux fréquentés par tout le monde (terrasse d’un restaurant, guichet automatique, parc, etc.). Et si cette expérience devait nous arriver, comment réagirions-nous? 

En entrant dans la salle, le visiteur pourra aussi voir cinq mini-projections. Agni Agoniesprend sa source dans les films bollywoodiens que l’artiste archive et qui présentent des femmes entourées par le feu. À l’origine de ces scènes, selon Prasad, il y a l’histoire de Ramayana et la figure de Sita, une femme qui a prouvé sa chasteté à son mari en sortant indemne de son passage à travers les flammes. Dans chaque vidéo, Prasad fait une apparition presque fantomatique en reproduisant la gestuelle et les mimiques des comédiennes, rendant l’effet dramatique souhaité presque ridicule. En jouant avec les codes cinématographiques du genre, l’artiste se moque de ce type d’héroïne perçue comme un archétype idéal de la femme.

Le parcours de l’œuvre de Prasad présenté à CLARK se conclue par la projection de Recitations not from memory. Dans cette vidéo tournée au Bangalore, l’artiste s’intéresse à la question de genre en Inde et particulièrement de la condition des femmes afin de remettre en question le côté patriarcal toujours en force dans le pays. Il faut dire qu’il subsiste toujours de la discrimination envers les femmes, que ce soit en Inde ou ici en occident, bien que celle-ci revête différentes formes selon la société dans laquelle elle s’inscrit. Prasad a mené des entrevues auprès de femmes ayant le même statut socio-économique qu’elle afin de savoir comment le seul fait d’être une femme a pu teinter leurs expériences personnelles. Afin d’opérer un glissement dans la présentation de leurs récits, Prasad a demandé à des hommes, sans aucune expérience d’acteur, d’employer le discours de ces femmes dans des contextes de la vie quotidienne (espace de bureau, café, etc.). Ces mises en situation deviennent bouleversantes, car, à travers ces performances, les hommes incarnent la vulnérabilité des femmes face au statut qui leur est imposé par la société.

En définitive, la démarche de Sunita Prasad permet de remettre en question la normativité imposée dans nos sociétés par des œuvres qui en révèlent les codes tout en les faisant éclater. 

- Manon Tourigny

 

Sunita Prasad est une artiste et réalisatrice basée à New York. Ses projets emploient des techniques d'hybridation entre le documentaire, la fiction et la performance afin de soulever des questions liées au genre, à l'espace public et à l'histoire des mouvements sociaux. Son travail a été présenté internationalement au sein d'institutions telles que le Palais de Tokyo à Paris, Homesession à Barcelone, Torino Performance Art à Turin, Momenta Art à New York et Vox Populi Gallery en Philadelphie. Elle a reçu des prix du Art Matters Foundation, du New York City Department of Cultural Affairs et du Warner Bros. Production Fund. Elle a fait des résidences à TAJ & SKE Projects au Bangalore, au Contemporary Artists Center à Troy (NY) et au Lower Manhattan Cultural Council. www.sunitaprasad.net

Les oeuvres dans cette exposition ont été produites avec le soutien du Art Matters Foundation, de T.A.J. & SKE Projects, du Brooklyn Arts Council et du Lower Manhattan Cultural Council's Process Space Residency.