Luc Paradis

Luc Paradis

Salle 2

Luc Paradis

You roll the dice, I’ll play the game

EXPOSITION /
17 MAI AU 22 JUIN 2019

VERNISSAGE /
VENDREDI 17 MAI, 20H

PRÉSENTATION D'ARTISTE /
SAMEDI 18 MAI, 15H

Savoir que Luc Paradis est un artiste et musicien dont la pratique englobe la peinture, la sculpture, la mode et le design peut être utile dans la lecture de son œuvre. Son intérêt pour la mise en scène, cet espace provocateur entre l’installation artistique et la performance, se manifeste dans la variété de médiums et d’esthétiques qu’il choisit et le soin avec lequel ils sont disposés dans la galerie. Poursuivant des thèmes abordés dans ses expositions antérieures, comme Simultaneous Displays, à Parisian Laundry, Paradis continue d’explorer la notion de mise en scène et de considérer l’exposition comme une scène—un espace où les objets peuvent interagir entre eux et avec le public.

En entrant dans la galerie, nous faisons face à deux grandes photos en noir et blanc sur le mur du fond qui, ensemble, représentent une scène presque vide avant ou après une performance. Un drapé sert de fond à des accessoires posés çà et là. Une sculpture se dresse devant les photos : un fuseau en céramique noire fait à la main. Au centre de l’espace, monté sur des pôles, un tableau double-face en noir et blanc représentant un motif abstrait : un côté est le négatif de l’autre. Autour de cette composition se trouvent trois tableaux de silhouettes abstraites dont la répétition et la forme émettent une énergie explicite, un rythme, une sexualité qui rappellent les formes des découpages de Matisse, et les compositions de Wilfredo Lam ou des œuvres tardives de Picasso. À première vue, il est facile d’imaginer que ces formes sont des acteurs captés avant ou après une prestation sur scène, dans un moment dont nous sommes le public privilégié. Toutefois, en regardant de plus près, cette scène semble se glisser dans le réel : l’objet en céramique paraît également dans la photo; le motif abstrait du tableau double-face pourrait être une référence au fond de la scène dans la photo.

Dans son essai The Im/pulse to See, Rosalind Krauss établit un lien entre la spirale rotative de Duchamp, Optique de précision, et les nombreuses études préparatoires de Picasso pour Le déjeuner sur l’herbe d’après Manet, parlant d’une « question de rythme, ou de tempo, ou de pulsation—une sorte de marche/arrêt marche/arrêt marche/arrêt—qui agit à l’encontre de la stabilité d’un espace, mais alors il y a un moment entre ce marche/arrêt qui existe entre l’actif et le passif». Dans cette exposition, Paradis crée un entre-deux semblable, où nous pourrions nous demander si nous sommes le public passif ou les participants actifs d’une performance. Alors que nous traversons soudainement la scène, en regardant à gauche et à droite, en se déplaçant de l’avant à l’arrière, les figures des tableaux semblent nous observer à partir des coulisses.

- Grier Edmundson (traduit par Simon M. Benedict)

1. Rosalind KRAUSS, « The Im/pulse to see », dans Hal Foster (dir.), Vision and Visuality, New York, The New Press, 1988, p.51.